dimanche 24 mars 2013

Les réfugiés sanitaires à Savignac pendant la guerre de 39-45

Texte transmis par Roger LANTIE sur les raisons de leur départ.

" Ce conflit qui déchira les frontières et anéantit les espaces écartela les familles dont beaucoup de membres se perdirent à jamais.

Sortons de ce préambule rétrospectif pour évoquer des souvenirs qui, même porteurs de désarroi et entachés d'une certaine tristesse nous ont fait vivre des moments inoubliables gravés dans nos mémoires quand il y eut les séparations et l'éclatement du noyau familial.

Natifs de Bègles, banlieue bordelaise, issus d'une famille de 5 enfants souffrant de privations dues au contexte général engendré par la guerre nous voici séparés de nos parents et de nos deux petites sœurs.

Cette mesure qui se voulait humanitaire et salvatrice, mise en place par les services sociaux de la mairie nous a donné le statut de réfugiés sanitaires.

Une bonne décision sans doute mais pour nous enfants de 9, 7 et 6 ans, elle fût un déchirement, bien que ce fût nécessaire. Quand nous reverrons-nous ?

Cela a été également douloureux à vivre pour mes parents. Nous allons être à l'écart des risques du conflit, eux continueront à les endurer. Les bombes destinées à la destruction de la base sous-marine et de l'aéroport de Mérignac et au-delà de l'agglomération de bordeaux et des installations portuaires stratégiques sifflaient régulièrement sur nos têtes. Les troupes allemandes passaient au bout de notre jardin situé entre deux de leurs bases. Les risques étaient grands, permanents, les déplacements privés périlleux.

C'est donc à l'été 1942 que commence notre déplacement vers ce Lot et Garonne, terre d'accueil.

Nous étions nombreux à être concernés par cet exode et après être arrivés à Monflanquin où sans l'insistance de mes sœurs, j'aurai pu être séparé d'elles, nous sommes pris en charge par le maire de la commune où nous séjournerons."

 Quels étaient ces enfants tous originaires de Bègles ?

-          Roger Lantié 9 ans placé dans la Famille Tornier, Granger (Pastor actuel)
-          Josette Lantié, 7 ans placée dans la famille Garrigou, Bécade (Barre actuel)
-          Jeanine Lantié, 6 ans placée dans la famille Eyma à Luguet (Miroux actuel)
-          Suzette Desvignes, placée dans la famille Gauffre, Bourg (gîte actuel)
-          Denise Desvignes, placée dans la famille Labay, Bourg (Franzin actuel)
-          "Petit Louis" Desvignes placé dans la famille Gros, Lauzel (Carter actuel)

Tous ces enfants étaient dans des familles qui n'en avaient pas. La prise en charge des enfants était bénévole. Tous ont été scolarisés à Savignac. Ils ont vécu à Savignac de 1942 à 1945, sauf Josette qui repartira en 1947.