dimanche 3 avril 2016

Histoire locale : les chaises d’église


A l’occasion du renouvellement du mobilier de l’église en 2016, le conseil municipal a récupéré les chaises anciennes. Certaines ont été reprises par leur propriétaire, d’autres seront conservées dans l’église.

Une petite histoire peut être rappelée à cette occasion. Au début tous les paroissiens étaient debout, puis des bancs de pierre en bordure du chœur et de la nef ont été utilisés. Ce banc dit « banc des pauvres » existe encore au niveau du chœur, le banc au niveau de la nef a dû être démoli avant la construction du portail (au cours du 16ème siècle) puisqu’on retrouve un morceau inclus dans le bâti.

Les documents sont rares. Cependant, dans le budget du Conseil de Fabrique en 1841, dans le chapitre recettes est indiqué « le produit des concessions des bancs et tribunes » pour une somme de 40 francs alors que le produit des quêtes est estimé à 8 francs. Par comparaison un sac de blé valait 28 francs et une paire de chaussures d’homme 7 francs. Il y avait donc des bancs et la tribune, qui existe encore, loués aux paroissiens.

A quelle époque les chaises se sont-elles généralisées ? On peut penser que cela s’est produit vers 1870-1900. C’est une période faste pour l’église catholique ; à Savignac les deux chapelles et le presbytère ont été construits.

Il y avait 2 sortes de chaises. Des chaises basses paillées, prie-Dieu simples, propriété de l’église, louées à chaque office pour quelques sous et des prie-Dieu propriété des paroissiens et réservés aux femmes. Les hommes ne se mettant pas à genou !!

Les prie-Dieu en bois blanc ou en bois fruitier ouvragé avaient une assise à 2 niveaux. La première assise paillée (cette assise paille blanche ou dorée) permettait de s’asseoir après avoir tourné la chaise, celle-ci se relevait pour s’agenouiller et pouvait être capitonnée.


A quel moment les filles avaient-elles droit à un prie-Dieu ?

Sur chaque prie-Dieu, en plus de la croix sculptée dans le bois du dosseret il y a sur l’accoudoir soit une plaque avec le nom de la propriétaire soit des initiales tracées avec des clous dorés. Certaines correspondent au nom de jeune fille par exemple E.S (Elodie Serre épouse Delbouscas) mariée en 1904, Faut-il en déduire qu’elle avait sa chaise avant son mariage ? Sur la chaise de Berthe Delanis (née Amblard), mariée en 1921, il y a le nom du mari. Une fille venant d’une autre paroisse et venant habiter à Savignac portait sa chaise dans sa nouvelle paroisse.

Aucun membre féminin des aînés ruraux de Savignac ne possède un prie-Dieu, ce sont leurs mères et leurs grands-mères qui en étaient détentrices. Ils étaient situés devant et à droite de la nef derrière le banc des enfants.

On peut donc supposer que ces prie-Dieu ont été achetés jusque dans les années 1930.

Les hommes occupaient la partie gauche de la nef ou la tribune.

Enfin, il faut noter la présence presque au fond de la nef de 2 bancs légèrement surélevés qui occupaient la place de 5 ou 6 chaises. Chaque banc était constitué d’un dossier avec une partie pour s’asseoir et d’un agenouilloir. Ces bancs appartenaient à 2 familles aisées de Savignac.

Cette hiérarchie villageoise va donc disparaitre en 2016 avec les bancs et les chaises achetés par la mairie.