dimanche 24 mars 2013

Les souvenirs de Josette Lantié 2/3

Le souvenir que je garde de l'école est très doux. Je crois que je ne faisais pas grand chose parce que dans un premier temps je me trouvais supérieure aux autres et ensuite mon tempérament rêveur a prit le dessus. Je préférais nettement garder les vaches ou les moutons plutôt que d'aller à  l'école. Et puis toutes ces découvertes !!!! Le travail des champs. Sylvanie labourant après avoir attelé les vaches. On " liait" les vaches et elle me faisait voir et avec une patience de grand-mère me laissait croire que j'avais réussi. Les vaches étaient les moteurs de la ferme. Elles servaient à tirer ou transporter tout ce qui était lourd ou encombrant. Ça allait de la  charrette de foin aux gerbes de blé ,au raisin et à la batteuse . Ah ! La batteuse. Pendant la guerre le jour ou on pouvait " dépiquer" était très incertain et donc sitôt que l'on était averti je courrais à " trinque pesse????" pour rassembler le plus d'hommes possible. Ça allait de chez Beaubie(Barre Marcel) ensuite Camozzi (Barre Laurent), Roque (Faux), Délanis (Faure) Cabessut (Domain) Laparra, Gros (Carter)  Boulanger Eyma et je terminais chez Carcasset       
 (Hélénon).

Pendant ce temps les voisines venaient aider pour la cuisine car il fallait nourrir tout ce monde. Pour cela il y avait les réserves maison comme dans toutes les fermes c'est à dire un cochon tué l'hiver précèdent,du confit d'oies ou de canards. Pour la boisson c'était du fait maison. Les vendanges à Becade  avaient ceci de particulier c'est que le tonneau se trouvait dans la cave bien sûr mais juste sous le plancher de la cuisine et le jour des vendanges on poussait la table et on installait le pressoir sur une trappe qui ouvrait à cet endroit. On vidait les paniers de raisins dans le pressoir et le préposé à .la manivelle écrasait le raisin qui tombait directement dans la belle cuve en bois juste en dessous. Après quelques jours on mettait le vin en barriques. Je me souviens que je descendais dans le noir pour remplir la bouteille de vin car bien sûr il n'y avait pas de lumière dans la cave et le soir je faisais cela à tâtons et je savais < au bruit> si la bouteille était pleine.

Mon activité préférée était de garder les vaches ou les moutons. L'hiver je m'installais sur un fagot à l'abri d'un genévrier dans les friches et je lisais ou je rêvais .L'été en gardant les vaches je tentais de pêcher des écrevisses dans le Dounech.....pendant que les vaches allaient dans le maïs de chez  Beaubie!!!! Jeanine s'en souvient encore car de temps en temps elle gardait les vaches de Luguet dans un pré juste à côté .Heureusement que la chienne, la Bergère, était intelligente et faisait le travail à ma place. Elle tournait les vaches qui s'aventuraient hors des limites. Il y avait deux chiens à Bécade : le Printemps que tout le monde redoutait et qui gardait la maison et la Bergère qui était extraordinaire pour garder les vaches ou les moutons mais pas les dindons. Je ne connais rien de plus bête que les dindons. J'avais horreur de les garder. On devrait dire bêtes comme un dindon plutôt que comme une oie. J'ai pratiqué les deux et je vous assure qu'au championnat du monde les dindons sont gagnants.
 La vie s'écoulait douce et paisible jusqu'au jour ou nous avons failli nous faire écraser en sortant de l'école , sur la route devant chez Durand. Nous avons su plus tard que c'était des qui étaient venus arrêter le fils Goulfié. Il s'était échappé en vélo et les miliciens l'avaient vu monter la côte du côté de Luguet. Le temps qu'ils traversent le bourg le fugitif avait pris le large, mais ces messieurs ont quand même questionné et fouillé partout paniquant toute la commune. Nous n'avons été tranquilles après cet épisode que lorsque nous avons entendu sonner les cloches de la victoire.

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