Jeudi matin, de bonne heure, des hommes sont arrivés près
de nos bacs. Nous pensions : à table !! Mais ils n'avaient pas de granulés.
Hélas, ils nous ont mises dans de grandes épuisettes. Première inquiétude :
étions-nous en train de vivre notre dernière heure avant de terminer dans la
casserole. Non, ils nous ont jetées dans une grande cuve où barbotait un tuyau
nous alimentant en oxygène et, brinqueballées, nous sommes arrivées au lac de
Carmié-Bas. Quel dépaysement !! Sans ménagement, nous nous sommes retrouvées
dans le lac et ils nous ont laissées 4 jours pour trouver nos repères. C'était
bien utile, nous étions dans du ciment avec de l'eau claire, nous sommes
maintenant dans de la terre avec une visibilité limitée.
Le dimanche matin, nous avons vu
arriver environ 80 personnes chargées comme des mulets et qui tiraient des
plans pour trouver la meilleure place. Jusque là, notre inquiétude était
limitée, mais un klaxon inhabituel nous apprend que les hostilités se
précisent. Voilà que dans l'eau, nous voyons se tortiller des multitudes de
vers. Nous n'en avions jamais vu. Certaines d'entre nous, plus curieuses que
d'autres, ou plus affamées se sont précipitées. Pas le temps de nous dire au
revoir et les voilà dans des sacs en plastique.
Heureusement, il y a eu une
accalmie vers midi, tous ces prédateurs sont partis se restaurer, ils étaient
100 et quel repas ! Si bien que l'après midi a été plus calme.
Nous étions environ 430 à
l'arrivée, ils étaient 80 à lancer leurs vers animés. Le lundi, nous avons fait
un comptage. Certaines avaient une lèvre abîmée, mais grosso modo nous étions
encore à peu près 130. Maintenant, nous, les rescapées, nous devons surveiller
d'un œil bien ouvert les hérons et les cormorans.
Allons-nous prévenir par mail nos
collègues d'Allons (47) de ce qui les attend l'année prochaine ?