vendredi 30 décembre 2016

Histoire locale : une famille de carillonneurs

Yvan Cancé et sa femme Elise ont sonné les cloches de Savignac de 1935 à 1959. Après le décès d’Yvan, c’est sa fille Reine qui le remplace jusqu’à l’électrification des cloches en 1980.

La famille Cancé habitait Neupans, une ferme actuellement démolie, située en face du château d’eau actuel.

 Longtemps, les cloches ont été un moyen de communication, d’information, d’alerte et d’appel civil ou religieux pour la commune et les communes voisines. A cette époque, les balanciers des cloches étaient reliés à 2 cordes qui après avoir traversé le plancher de la tribune aboutissaient à gauche de la nef.

Le rythme des sonneries n’était pas laissé à la discrétion du sonneur, mais était codifié, sauf pour certains cas, par l’église.

Le rythme de frappe, volée, tintements, nombre de coups, combinaison des deux, utilisation d’une ou deux cloches permettent de coder un grand nombre de messages.

Tous les jours : il y avait l’Angélus à 7 h  3 fois 3 coups avec la grosse cloche, puis à la volée avec la petite cloche. A 12 h 3 fois 3 coups avec la grosse cloche, le soir l’Angélus à 7 h  identique à celui du matin.

 Le dimanche ordinaire, messe à 9 h : 1 h avant la messe, sonnerie de la grosse cloche à la volée, « le premier », ½ h avant la messe 40 coups avec la grosse cloche puis à la volée « le second », appel des fidèles , 9 h entrée à la messe, 3 coups.

Pendant la messe, à l’élévation, 3 fois 3 coups avec la grosse cloche puis à la volée avec la grosse cloche.

Jours de fêtes, 2 messes, une à 8 h une à 11 h avec des sonneries identiques à celles des messes ordinaires.

Vêpres à 14 h : sonneries identiques à celles d’une messe.

Pâques : Les cloches sont muettes entre le jeudi saint et le samedi. « Elles sont parties à Rome » Les cloches sonnaient le samedi soir pour annoncer leur retour et la fête.

Baptêmes : à la fin de la cérémonie, sonnerie à la volée de la grosse cloche.

Mariages : Les 2 cloches sonnent à la volée dès que le cortège venant de la mairie arrive en vue de l’église il en est de même à la fin de la cérémonie.

Décès, le glas : Rarement les cloches de Savignac ont sonné à coups pour une agonie.

Après le décès, si celui-ci a lieu dans l’après midi, le premier glas est sonné avant le coucher du soleil, le deuxième, le lendemain matin avant le lever du soleil, le troisième avant le coucher du soleil.

Pour les hommes : 3 fois 3 coups puis à la volée avec la grosse cloche.

Pour les femmes : 2 fois 2 coups puis à la volée avec la grosse cloche.

La Toussaint : le soir de 9 h à 11h, les cloches sonnaient le glas avec des arrêts de 10 minutes. Ensuite il était de coutume d’aller manger les châtaignes chez Laduranty (Emery actuel) arrosées de vin nouveau.

Déclaration de la guerre 1939-1945 comme celles de toutes les communes de France, les 2 cloches ont sonné.

Armistice, mai 1945 : les gens de la commune, jeunes et moins jeunes se sont réunis pour sonner toute la journée et toute la nuit et chacun avait apporté à manger et à boire. L’église était pleine. Le Curé Vestraëtre est venu plusieurs fois du presbytère pour dire que les cloches allaient être usées !!!

Le lendemain était un dimanche et le curé de dire « Yvan qu’est-ce qu’il y a dans les bénitiers », « ce sont des fientes » Le pauvre Curé Vestraëtre devait avoir la vue un peu faible, car il s’agissait de noyaux de cerises et de prunes à l’eau de vie.

La cloche sonnait aussi pour annoncer un incendie et si le ciel était menaçant pour dissiper les orages. Sur la grosse cloche il est écrit « lorsque j’aurai reçu l’onction sainte je conjurerai l’orage ».

La grosse cloche était entendue en fonction des vents à Soubirous, Monflanquin, Monségur …..

Yvan Cancé aimait les jeunes qui le lui rendaient bien en lui faisant des blagues, ils entouraient le battant des cloches avec un sac, le son n’était plus le même !!! Les jours de fête, ils tiraient tellement sur la petite cloche que celle-ci tournait. Dans les 2 cas il fallait monter au clocher réparer les dégâts.

Comment le carillonneur était-il rétribué ? Chaque famille donnait soit de l’argent, soit un panier de blé ou de maïs ….. qui était entreposé aux quatre coins de la commune.

Yvan Cancé était aussi appariteur. A la sortie de la messe, il annonçait les nouvelles : l’installation d’un artisan, les déclarations à faire à la mairie….Ensuite les nouvelles étaient affichées contre le mur de la maison Laduranty, (Emery actuel).

Maintenant, Les cloches sonnent l’Angélus, les heures et les demi-heures.


D’après un entretien avec Reine Réaust.