dimanche 22 décembre 2013

Roger Lantié à l'Houillé après la guerre

"C'était chez la famille Seunes dit "Pourriol" (Mme Nourrit actuel), le mari, sa femme et leur fille Elia. Je ne sais plus comment ni quand s'est opéré ce changement de destination de Granger à l'Houillé. Je pense que c'est après le décès de Mme Tornier, le mariage de Francis qui part s'installer à "la Tourette", et la retraite d'Yvonne à Cancon puis à Villeneuve que cela s'est passé.

J'étais adolescent, je revenais au pays pendant les grandes vacances scolaires et là de nouveau je dois m'adapter à ce changement. Ce ne sont pas les mêmes cultures, les ressources potagères et céréalières sont moins importantes, le cheptel peu nombreux. Peut-être que la superficie de la propriété ne le permettait pas

L'analyse que j'en ai aujourd'hui et la réflexion qui me vient c'est que je ne découvrais pas le milieu paysan et que j'appréciais ce nouvel espace autrement qu'à mon arrivée à Granger.

Les Seunes sont des gens âgés, lui a des difficultés à marcher avec sa jambe raide et Elia mariée devenue Mme Cortine habite Villeneuve

La principale culture était l'exploitation d'un verger qui tenait toute la pièce tombante qui donnait sur la route de La Cambe de l'Homme. C'était l'occupation majeure des vacances scolaires : le ramassage à la main et le séchage en étuve sur claies. Ah, ces pruneaux mi-cuits encore tièdes qui, sous la dent, libéraient une purée délicieuse.

De ces séjours à l'Houillé, j'ai de bons souvenirs. Après le repas du dimanche, l'eau de vie flambait dans un saladier. J'en gouttais, elle me tournait un peu la tête. Je "siestais" sous un peuplier. Il y avait une voiture d'époque, cul pointu, avec laquelle nous allions aux foires et marchés à Monflanquin et à Villeneuve. Dans les descentes, "le Pouriol" coupait le moteur et laissait filer tranquille. Nous avons fait la "despanouillade" chez Delanis (Faure actuel) où nous nous rendions à travers champs, belle soirée au cours de laquelle le père Delanis m'a fait une friction à l'eau de vie. Je n'étais pas fier de rentrer dans le noir même accompagné. Ici aussi je gardais le bétail par les derrières de l'Houillé, à côté d'un pré des Laparra et queques fois j'y rencontrais Odette Durand.

Ainsi passaient les périodes devenues au fil des ans sereines et pleines de satisfactions. Puis, jeune homme pratiquant le cyclotourisme je suis revenu à Savignac : de Bordeaux à Tonneins en train et de tonneins à Savignac en vélo. A cette occasion, j'ai rencontré Mme Seunes qui après le décès de son mari s'était retirée dans une petite propriété à côté de Villeneuve. Je crois que c'est à ce moment là que mon éloignement de Savignac a commencé et que ma vie d'homme s'est installée, confirmée un beau jour d'avril 1959 par mon mariage avec Françoise.

Ces mémoires paraîtront au moment des fêtes de fin d'année, alors je souhaite à vous tous chers amis le bonheur et la santé. Peut-être nous reverrons-nous au repas des chasseurs, mais sachez que je suis heureux de vous avoir connus et revus cet été.

 Françoise se joint à moi pour dire ADICHATZ